décembre 31, 2024

2024


  2024 dans le rétro.

A ravirRapture de Dominic Sangma, 31/01/24
Côté jardin — La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer, 20/02/24
Trop space?  L'Empire de Bruno Dumont, 01/03/24
Vraiment — Walk Up de Hong Sang-soo, 15/03/24
Yama, Ha — Le mal n'existe pas de Ryūsuke Hamaguchi, 15/04/24
Les larmes de Hong Sang-soo — Note sur In Water, 05/05/24
Le mi-dire — Le Tableau volé de Pascal Bonitzer, 10/05/24
Scénario(s) — Film annonce du film qui n'existera jamais... de Jean-Luc Godard, 15/05/24
Hello Dolly  Le Deuxième Acte de Quentin Dupieux, 21/05/24
Furieusement vôtre — Furiosa de George Miller, 30/05/24
Un tempérament — Vas-tu renoncer? de Pascale Bodet, 03/07/24
Da⁶li — Daaaaaalí! de Quentin Dupieux, 08/07/24
Incredible! — Trap de M. Night Shyamalan, 08/08/24
Megalopolis est-il camp? — Megalopolis de Francis Ford Coppola, 28/09/24
Tout l'amour... — Miséricorde d'Alain Guiraudie, 20/10/24
Juré coupable — Juré n°2 de Clint Eastwood, 08/11/24
Les bonheurs de Sophie — Eloge de Sophie Fillières, 20/11/24
Un grand tour — Grand Tour de Miguel Gomes, 12/12/24

+ 4 films sur lesquels j'aurais aimé écrire, mais je n'ai pas trouvé le temps. Peut-être en 2025:

They Shot the Piano Player de Fernando Trueba et Javier Mariscal, Los delincuentes de Rodrigo Moreno, le Roman de Jim d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu, Sans rien savoir d'elle de Luigi Comencini (1969).

complément — 04/01/25.

Sur Fotogenico de Marcia Romano et Benoît Sabatier, par les auteurs eux-mêmes:

"Avant tout, nous nous sommes rencontrés autour de la musique. Les disques ont eu plus d'impact que les films dans nos vies, et les films que nous aimons ont tous comme point commun des BO géniales: Phantom of the Paradise de Brian de Palma, Bugsy Malone d'Alan Parker pour Marcia et Ténèbres de Dario Argento, ou encore Appel d'urgence de Steve De Jarnatt, pour Benoît. Nous avons ressenti tous les deux une forme de frustration concernant les films musicaux au sein de la production française, où le film musical, électro ou rock, est carrément considéré comme un repoussoir. Nous avons donc décidé de produire nous-mêmes, en mode DIY, trois longs métrages dans cet esprit punk (le Moral des troupes, Amore Synthétique, Pastis Brut) puis sommes revenus dans un schéma de production plus classique pour Fotogenico.
L'écriture a tout de suite été accompagnée d'une recherche musicale, afin de préciser ce que nous cherchions. Quel serait ce faux groupe et sa musique dans le film? Les compositeurs, le groupe Froid Dub, sont des fondus de cinéma et musiques de films, eux aussi. Ils nous ont accompagné depuis le début du projet, et dès le scénario nous avons pu définir l'esprit post-punk, synthétique, de la musique, des chansons. C'était télépathique, ils apportaient spontanément des propositions qui nous époustouflaient.
Enfin, ce sont les clubs électro-noise, les salles garage-punk, les disquaires et les lieux alternatifs que nous fréquentons à Marseille qui ont aussi inspiré nos personnages. C'est parce qu'on croit en cette culture, celle de la musique électronique, avec son esthétique, ses histoires électriques et ses images marquantes que nous avons fait Fotogenico.
Marseille est une ville bouillonnante, une cocotte minute. Nous y vivons depuis plusieurs décennies et voulions la filmer telle que nous la connaissons, loin des clichés masculins autour du foot et du pastis. Dans les quartiers underground de la ville, nous voyons émerger un esprit qui ne va pas sans rappeler celui des punks du mouvement Movida, dans l'Espagne des années 80. Nos envies esthétiques peuvent être définies par l'idée warholienne de glamouriser ce que nous aimons profondément au quotidien, de synthétiser ce Marseille en évolution constante dans un récit, et avec un casting emballant.
C'est une ville qui se féminise de plus en plus, et nous voulions que la découverte de ce Marseille féminin, cette ville-laboratoire, soit vue à travers un personnage de cinquante ans, celui de Raoul (Christophe Paou). Le prisme d'un regard extérieur, plus âgé, pour que soit amené ici quelque chose de progressif: nous entrons en scène avec lui, ouvrons les yeux avec lui, nous tombons des nues avec lui, prenons des torgnoles avec lui et, finalement, nous devenons meilleurs, avec lui. Nous découvrons ainsi, en filigrane, le système D de Marseille, subversif, débrouillard et inventif, avec des artistes non pas obsédés par la réussite, mais guidés par une soif créative débordante.
Nous avions écrit les trois personnages principaux pour les acteurs-actrices Christophe Paou, Roxane Mesquida et Angèle Metzger. Les autres personnages sont nés des rencontres que nous avons fait pendant la préparation du film, en quadrillant les rues... et ces rencontres ont fait évoluer l'écriture notamment avec les filles du groupe, Brune, donc Bella Baguena, et Venus, Venus Yaffa, plus la DJette, Sasha Vaughan. Le film célèbre ses personnages jeunes et féminins où l'affranchissement prime sur le luxe, le culte de la célébrité, le confort, la valeur marchande... Le film est traversé par le thème du choc des générations, car si Raoul est au départ étranger au mode de vie de la bande de filles, il est finalement curieux, empathique, souscripteur à l'égard de ces jeunes affranchies, pour qui la liberté est plus importante que la réussite sociale. Elles sont un modèle possible, il réalise qu'il a tout à apprendre. Il revient d'entre les morts pour cela justement. Apprendre d'elles.
Quant au titre du film, et nom éponyme de la bande, il provient d'un drôle de nanar réalisé par Dino Risi en 1980: Sono fotogenico. Photogénique, en italien, mais aussi en espagnol, la langue natale de Marcia. Fotogenico, pour célébrer la bande de filles, le beauté des personnages, ça collait bien."