mai 05, 2024

In water


  In Water de Hong Sang-soo (2023).

Les larmes de Hong Sang-soo.

28 Walk Up, 29 In Water, 30 In Our Day... le compte est bon. In Water, après Walk Up, vient combler le manque que ces deux films représentaient dans la série. Et d'éprouver un soulagement de savoir que ce n°29 n'était pas le dernier (le n°30 était sorti avant, avant même le n°28), permettant du coup d'appréhender In Water non plus (maintenant qu'on l'a vu) comme ce qui ouvrirait un dernier cycle dans l'œuvre hongienne, plus minimaliste que jamais, jusqu'au "rien" que serait le film ultime, s'effaçant progressivement, tel un dessin sur le sable, à mesure que la mer en montant viendrait le recouvrir... mais plutôt comme un film tourné à l'encre sympathique, rendu (quasi) invisible le temps de sa vision, avant qu'un procédé chimique ne le rende, rétrospectivement, de nouveau visible. Un moment parmi d'autres dans l'œuvre. De sorte que le flou d'In Water, loin d'enfoncer le cinéma de Hong dans l'indistinct, témoin d'une vision devenue amétropique (on pense aux peintures de Philip Barlow) et/ou trop moderniste (un film réduit au seul désir de tourner: une île, une figure blanche dans les rochers, l'attrait qu'elle exerce, tache éblouissante comme cette lumière phosphorescente vue "in water" au milieu des poissons, une chanson pour l'accompagner — et que chantera l'être aimé, écho au bouquet en couleurs que porte Kim Min-hee à la fin de The Novelist's Film), ne serait dès lors que la manifestation d'une crise (avec ce que cela suppose de passager), qu'il ne nous appartient pas de vouloir élucider, mais simplement de goûter, jusqu'à son terme, fort de sa dimension mélancolique, mieux: épiphanique, nous révélant, à la toute fin, que si le film vu à travers le regard d'Hong Sang-soo était flou, c'est que ce regard était embué de larmes.