
Jardin d'été de Shinji Sōmai (1994).
Notes de juin.
4 juin
Elles. Sur El llanto (les Maudites) de Pedro Martín-Calero.
5 juin
Un sommet de Sōmai — Jardin d'été. Mon troisième Sōmai, après le sublime Déménagement (1993), vu en 2023, et le fameux Typhoon Club (1985), vu en 2024. Sinon, il y avait tous les autres, dernièrement à la Maison de la culture du Japon, mais je n'en ai vu aucun. Alors Jardin d'été, beau film de l'enfance, qui fait de Sōmai, pas tant le papa naturel d'un Kore-eda, aux films par trop mièvres et artificiels, qu'une sorte de Comencini japonais, qui sait mêler grâce et gravité. Ici, à travers cette histoire d'amitié — le film est sous-titré The Friends —, moins entre les trois garçonnets du film, à cet âge davantage complices que véritablement amis, qu'entre le petit groupe qu'ils forment (bloc d'innocence) et un vieux solitaire (le thème "le vieil homme et les enfants", convenu mais que Sōmai saura transcender), entre l'enfance donc, propice à l'éveil, que représentent Lunettes, Sac d'os et Sumo, ainsi que l'homme les a surnommés, et la vieillesse qui, elle, favorise le repli... Le lien qui se noue — et se traduit par la remise en état par les enfants de la bâtisse du vieux et de son jardin laissé à l'abandon —, c'est assurément celui de la tradition et de la modernité, question essentielle au Japon, mais qui ici se double d'une autre question, autrement plus intime, qui touche à la mort, telle qu'elle est vue, de loin et sous forme de "curiosité" par les enfants (c'est parce qu'il est censé être proche de la mort que les enfants se sont rapprochés du vieil homme), et a été vécue, de près et sous forme de "trauma" par ledit vieil homme. Il faut toute la poésie et l'art vitaliste de Sōmai pour débroussailler le terrain quelque peu morbide sur lequel s'engage le film, et l'égayer, à la manière du jardin reprenant vie, pour qu'il en émerge cette tendre et douce mélancolie qui est propre aux grands films de l'enfance. Jardin d'été est une merveille.
8 juin
Je ne sais pas si la finale 2025 de Roland-Garros entre Jannik Sinner et Carlos Alcaraz — gagnée par ce dernier en cinq sets après une bataille de près de cinq heures trente et un "super tie-break" pour finir — est le plus grand match de tennis de l'Histoire (il y en a eu tellement, je me souviens de la finale 2012 de l'Open d'Australie, incroyable bras de fer entre Nadal et Djokovic), mais, forte de son scénario, totalement improbable avec tous ces retournements, elle restera assurément la meilleure mini-série vue cette année, et même depuis longtemps. Qui ainsi aura vu Sinner, sorte de Tintin haut sur pattes, affronter son (déjà) meilleur ennemi, qui est aussi sa "bête noire", non pas son Rastapopoulos ou son Général Alcazar (malgré la similitude du nom), ni même son Chiquito (pour le côté "artiste"), mais plutôt son Fakir, pour cette capacité qu'a Alcaraz de revenir, comme par magie, d'on ne sait quel "diable vauvert" (pour parler zitronien), effacer quatre balles de match à la suite, aligner une douzaine de points gagnants, recoller à deux sets partout et, au bout du bout, après avoir laissé croire à Super Sinner qu'il serait le super-héros de cette finale "herculéenne", lui balancer toute une caisse de kryptonite, qui le terrasse pour de bon.
10 juin
Les ondes Kiyoshi. Sur Chime et Cloud de Kiyoshi Kurosawa.
11 juin
Mort de Brian Wilson. Ainsi, de mes trois idoles de jeunesse, Brian Wilson, Ray Davies et Mark Hollis, il ne reste plus, aujourd'hui, qu'une seule encore en vie. Je réécoute "Surf's Up" (prévue initialement pour Smile, resté inachevé)... la version piano solo de 1967 (sur Sunshine Tomorrow, la réédition augmentée — sortie en 2017 — de Wild Honey) et celle de 1971 (sur l'album éponyme), avec ses clochettes spectoriennes, deux versions parmi d'autres qu'on retrouve dans le coffret The Smile Sessions, sorti lui en 2011.

Brian Wilson par David Anderle, 1967.
15 juin
Le plus petit commun multiple. Sur The Life of Chuck de Mike Flanagan.
20 juin
L'ébranlement. Note sur les Chevaux de feu de Sergueï Paradjanov.
27 juin
Mort de Lalo Schifrin. Je revois sur Arte (Blow Up) la "chronique musicale" que lui avait consacrée Thierry Jousse: Les B.O. de Lalo Schifrin.
28 juin
L'Accident de piano (lol), qu'est-ce que j'ai rigolé... Heave! Ho! Heave! Ho!... et puis le bruitage est génial (le bruit du piano chaque fois qu'il dévale l'escalier ou qu'il est simplement malmené). Sinon j'ai retrouvé l'adresse où le film a été tourné, c'est là: