mars 02, 2024

Brindezingue


  The Reluctant Debutante
  (Qu'est-ce que maman comprend à l'amour?)
  de Vincente Minnelli (1958).

Un régal. Dans The Reluctant Debutante, tourné entre Gigi et Ginny, Minnelli oppose, aux corps guindés, droits comme des piquets, des jeunes Anglais de la haute société — une jeune fille, du même monde mais qui a été élevée en Amérique, est lancée dans les fameux "bals des débutantes" où elle doit affronter les assauts d’un horse guard à la conversation aussi passionnante que celle d'un "poteau indicateur" —, les corps agités, à défaut d’être souples, des parents de l'héroïne (le père, Rex Harrison, toujours un verre à la main, et la belle-mère, Kay Kendall, toujours pendue au téléphone), Rex et Kay couple à la ville, courant à droite et à gauche pour s’assurer que leur fille n’est pas partie avec le batteur de l’orchestre (présenté comme un effroyable tombeur, en fait un parfait gentleman fasciné par les danses africaines) mais incapables, au moment fatidique, de l’en empêcher car stoppés net dans leur élan par le protocolaire "God Save the Queen" (séquence hilarante), traînant à quatre pattes pour mieux écouter aux portes, multipliant jusqu’à l’épuisement les entrées pour ne pas laisser la demoiselle seule avec son prince charmant... Bref, on imaginait une délicieuse comédie sur les mœurs de la society londonienne et on découvre un drôle de ballet complètement brindezingue. Minnelli n’est jamais là où on l’attend.