Delphine Seyrig en 1968, à l'époque de Fabienne Tabard et de Baisers volés. C'est, dans Dim Dam Dom, le magazine culte de Daisy de Galard, la séquence réalisée par François Weyergans, Delphine Seyrig photographe (émission du 20 décembre), où on la voit photographier des poupées (le film préfigure Todd Haynes) tout en soliloquant ("les chats griffent et les photos graphent") à la manière des petites filles, puis, transformée en speakerine, réciter un passage de "La nouvelle Héloïse" de Rousseau... Magnifique.
Delphine Seyrig, née le 10 avril 1932... (comme Omar Sharif, son "jumeau", elle à Beyrouth, lui à Alexandrie).
Et puis ça aussi, à propos de son phrasé si particulier: "On dirait qu’elle vient de finir de manger un fruit, que sa bouche en est encore tout humectée et que c’est dans cette fraîcheur, douce, aigre, verte, estivale que les mots se forment, et les phrases, et les discours, et qu’ils nous arrivent dans un rajeunissement unique." (Marguerite Duras).
Bonus:
S.C.U.M. Manifesto (sur tënk) de Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig (1976), dans lequel Seyrig dicte à une dactylo (Carole Roussopoulos herself), qui le transcrit à la machine à écrire, le pamphlet délirant de Valerie Solanas (1967) — contre les hommes qu'il faut éliminer... entre autres parce que "le mâle est un accident biologique, que le gène mâle Y est un gène femelle X incomplet" — féministe radicale qui connut son "quart d'heure de célébrité" en 1968 lorsqu'elle essaya de tuer Andy Warhol qu'elle accusait d'avoir volé le manuscrit de sa pièce "Up your ass".
+ Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig (1981), toujours sur tënk.
Filmo sélective:
♂︎
— L'Année dernière à Marienbad, Alain Resnais, 1961
— Muriel ou le Temps d'un retour, Alain Resnais, 1963
— Baisers volés, François Truffaut, 1968
— Peau d'Ane, Jacques Demy, 1970
— Le Charme discret de la bourgeoisie, Luis Buñuel, 1972
— Le Jardin qui bascule, Guy Gilles, 1975
♀︎
— Aloïse, Liliane de Kermadec, 1975
— Jeanne Dielman..., Chantal Akerman, 1975
— India Song, Marguerite Duras, 1975
— Son nom de Venise dans Calcutta désert, Marguerite Duras, 1976
— Baxter, Vera Baxter, Marguerite Duras, 1977
— Golden Eighties, Chantal Akerman, 1986